Pourquoi aider les personnes usant de violence à changer?

Complémentarité des mesures sociales

La Politique québécoise en matière de violence conjugale, établie en 1995, reconnaît que les ressources nécessaires à la lutte contre la violence conjugale doivent être nombreuses, complémentaires et variées. Elles doivent notamment comprendre à la fois des mesures de sensibilisation aux diverses formes de violence et à leur caractère inacceptable, des services d’aide aux personnes ayant subi de la violence, des interventions psychosociales auprès des personnes ayant des comportements et des mesures judiciaires.

Pourquoi la judiciarisation à elle seule ne suffit pas

Les recherches ont clairement démontré que la judiciarisation ne répond qu’en partie à l’objectif d’élimination de la violence conjugale (Finn, 2013; Vanneste, 2016; Wagers et Pate, 2020). D’une part, un très grand nombre de personnes victimes ne font pas appel aux services de police (seulement 19%, selon Statistique Canada, 2014). D’autre part, les effets de la judiciarisation demeurent limités. On a estimé que la récidive était de l’ordre de 13 à 26% dans les six mois suivant l’intervention policière (dans Rondeau, 2002). L’arrestation semble aussi avoir assez peu d’effet sur certains groupes de personnes (ceux présentant un problème de violence généralisée, de chômage chronique, de dépendance aux drogues et à l’alcool et de problèmes de santé mentale). Il s’agit là, rappelons-le, d’enjeux tout particulièrement associés à la dangerosité (Deslauriers et Cusson, 2014).

L’utilité des ressources d’aide

Il a été démontré que les activités d’intervention psychosociale aident à favoriser le refus de la violence, le développement des habiletés des capacités de tolérance à la frustration, le contrôle de l’impulsivité, la régulation de l’humeur et de l’estime de soi; elles permettent aussi de favoriser le développement d’une représentation nuancée de soi et des autres, de la capacité d’intimité, de l’autonomie et des habiletés de communication (Capaldi et Langhinrichsen-Rohling, 2012). Les taux de succès observés dans les programmes québécois sont élevés, notamment en ce qui a trait à l’abandon de la violence physique : diminution de 94% chez les personnes qui complètent un programme (Ouellet et al., 1994).

À propos du changement

Au fil des expériences de vie, la majorité des personnes ayant des comportements violents cessent de recourir à la violence. On observe ce fait notamment grâce aux données de Statistique Canada (2016), lesquelles démontrent clairement que l’usage de violence conjugale varie avec l’âge : 5 fois plus élevé chez les couples de moins de 25 ans comparativement aux 45 ans et plus.

On sait cependant que certaines personnes ont plus de difficultés que d’autres à changer, en particulier, celles qui ont accumulé de nombreuses expériences connues comme étant des facteurs de risque d’user de violence, qu’il s’agisse, par exemple, d’antécédents d’exposition à la violence conjugale, d’abus sexuels, de mauvais traitements psychologiques, de négligence et d’abus physiques durant l’enfance, d’expériences d’intimidation subie ou de fréquentation de pair.es délinquant.es à l’adolescence (Capaldi et al., 2012).

Les impacts de ces difficultés se reflètent chez les participant.es de Via l’anse. En 2022, une grande partie des personnes qui nous ont consulté avaient ainsi des difficultés à réguler leurs émotions (57%), souffraient d’anxiété (56%) ou de dépression (40%). Un.e participant.e sur cinq présentait des traits associés au stress post-traumatique et 11% avaient des idées suicidaires au moment de la demande d’aide.

Ces données correspondent à celles recensées dans la littérature scientifique. Une étude menée auprès d’une cohorte d’hommes et de femmes référé.es à un programme en violence conjugale, après arrestation, a permis d’observer que les troubles de santé mentale tels que la dépression, l’anxiété généralisée, la phobie sociale et la dépendance étaient associés à la violence sous toutes ses formes, tant chez les hommes que chez les femmes (Shorey et al., 2012).

La qualité des programmes

Dans l’état actuel des connaissances, on peut avancer que la définition des meilleures pratiques s’articule autour de sept principaux enjeux.

Enjeu 1 Une approche multi-référentielle

Les approches permettant d’intervenir sur les facteurs de risque associés à l’usage de violence conjugale et familiale sont nombreuses et s’appuient sur différents courants : modèles neurobiologiques, féministes, théorie de l’apprentissage social, modèles psychodynamiques, développementaux et systémiques. Chacun de ces modèles pose des enjeux utiles à l’analyse de la diversité des cas et suggère un ensemble de modes d’interventions possibles. Conséquemment, les approches cliniques se doivent d’être multi-référentielles, permettant l’intégration des nombreux savoirs développés.

Certaines approches semblent mieux appropriées, selon le profil des personnes. On a constaté ainsi, à titre d’exemple, que les personnes ayant des traits de personnalité antisociale bénéficiaient davantage des modèles de type cognitivo-comportemental et que les personnes aux tendances dépressives profitaient davantage d’approches psychodynamiques (Saunders, 1992).

Enjeu 2 Favoriser la création d’alliances thérapeutiques

La qualité de l’alliance thérapeutique est le meilleur indice de réussite de la démarche (Hubble et al., 2010). C’est aussi le meilleur indice de programme complété (Taft & Murphy, 2007).

Dans une recherche menée auprès de participants masculins aux programmes, Turcotte (2012) a souligné l’importance de la qualité de l’accueil et de la création d’un lien de confiance lors de la rencontre initiale, de manière à faciliter la poursuite de la démarche. Il soutient que cette étape est déterminante dans le processus de réappropriation de la demande d’aide (motivations intrinsèques) chez les personnes visées. Pour créer l’alliance thérapeutique souhaitée, il est nécessaire que les intervenant.es puissent faire preuve d’empathie, être sensibles aux émotions rencontrées et à la représentation que chaque personne a de son propre problème lors de l’accueil. Les intervenant.es doivent à la fois accueillir la personne et avoir accès à ses qualités et à ses forces, tout en tenant compte des résistances et des mécanismes de défense. La confidentialité est un facteur déterminant quant à la capacité à susciter les dévoilements.

Homme victime de violence conjugale a besoin d'aide
Homme victime de violence conjugale

Enjeu 3 Tenir compte des différents facteurs de risque

Dans une synthèse portant sur 228 articles scientifiques ayant mesuré les facteurs associés à la violence dans les relations intimes, Capaldi et al. (2012) ont observé que les facteurs de risque sont nombreux et se retrouvent à divers niveaux (individuels, relationnels, sociaux et circonstanciels). Leur recherche a permis de constater que la combinaison des facteurs augmente les risques de violence et que certains facteurs sont particulièrement déterminants, soit les facteurs développementaux, dyadiques et circonstanciels.

L’analyse de chaque cas doit se faire en tenant compte des facteurs de risque spécifiques. De même, les plans d’intervention doivent viser le développement de facteurs de protection ajustés à la réalité de chaque personne. Les rencontres d’accueil doivent ainsi permettre de documenter, outre les gestes de violence et les comportements de contrôle, plusieurs autres variables, notamment la présence de traumas cumulatifs dans l’enfance, le stress post-traumatique, l’attachement et la régulation émotionnelle (Brassard et al., 2021).

On sait que certains groupes sociaux sont plus exposés aux facteurs de risque, ou à certains d’entre eux. On sait aussi que certains groupes n’ont pas le même accès aux facteurs de protection. Une lecture des différents rapports sociaux de pouvoir est notamment nécessaire afin d’éviter les préjugés et afin de considérer les conditions particulières rencontrées par les personnes en fonction des diverses identités sociales (selon l’âge, le genre, le revenu, l’orientation sexuelle, le parcours migratoire, le statut familial, etc.).

Les taux particulièrement élevés de détresse psychologique, d’idées suicidaires et de tentatives de suicide observés chez les peuples autochtones sont associés à des risques élevés de violence. Ces facteurs, s’ajoutant à d’autres (situations d’extrême pauvreté, abus des substances et négligence), s’inscrivent dans le contexte historique des mesures sociales d’assimilation comportant le rejet de l’identité autochtone et des nombreux actes d’abus ayant laissé des empreintes traumatiques (Bombay et al., 2014). Ce contexte particulier suppose le développement de mesures d’aide qui soient conçues et dispensées en adéquation avec la culture des différentes communautés (Flynn et al., 2013).

Enjeu 4 Estimer la dangerosité et adapter les interventions en conséquence

Les facteurs de risque associés à la dangerosité, notamment en termes de risques homicides sont connus et détectables. On doit surveiller en particulier l’augmentation de la fréquence et de la sévérité des gestes de violence, les contextes de rupture et le refus d’accepter celle-ci, les comportements obsessifs de contrôle, de jalousie et de surveillance, les symptômes dépressifs et les idées suicidaires (Drouin et al., 2012). Les bonnes pratiques en la matière indiquent qu’il est nécessaire d’accueillir toute nouvelle demande d’aide dans des délais très courts, d’estimer systématiquement la dangerosité et de prévoir des interventions ajustées à l’urgence des cas. Le travail en collaboration avec les autres partenaires concernés est aussi jugé essentiel à une bonne gestion de la dangerosité.

Enjeu 5 Tenir compte de la diversité des dynamiques de contrôle et de violence

Bates et al. (2016) ont mesuré l’association entre les comportements de contrôle et les comportements de violence et ont observé que les comportements de contrôle variaient selon les couples, pouvant être soit faibles, soit élevées. Leur recherche a aussi permis d’observer que les comportements de contrôle, faibles ou élevés, pouvaient être unilatéraux ou mutuels.

Langhinrichsen-Rohling et al. (2012) ont répertorié 48 études ayant mesuré les différentes dynamiques de la violence depuis les années 90 et ont pu observer que les comportements violents dans les relations intimes étaient unidirectionnels dans 42% des cas et mutuels dans 58% des cas. Des travaux récents suggèrent que la violence mutuelle regroupe elle-même plusieurs dynamiques et contextes différents. On a observé qu’elle pouvait apparaître dès le début de la relation; qu’elle pouvait aussi avoir été acquise progressivement par l’un.e des partenaires au fil du temps ou encore, qu’elle pouvait ne survenir qu’en contexte défensif (Drouin et Trépanier, 2020). Conséquemment, afin notamment d’éviter de blâmer les victimes pour les agressions subies, les mesures de détection de la violence doivent permettre d’apprécier à la fois les actes de violence et de contrôle agis et subis.

Par ailleurs, dans de très nombreux cas, au moment initial de la consultation, les personnes estiment que leur usage de violence est justifié et elles se perçoivent comme des victimes, sans qu’objectivement leurs droits aient été mis en cause. On doit donc pouvoir départager les cas où la personne doit être accompagnée dans la reconnaissance de son problème de violence (responsabilisation) des cas où il est nécessaire d’accompagner plutôt la personne dans des stratégies de conscientisation au danger et de mise en œuvre de stratégies de protection.

Dans une revue de littérature, Raison et Dutton (2019) ont constaté que les motivations auto-rapportées à user de violence envers un.e partenaire étaient généralement multiples (plusieurs motifs à la fois). La colère est le facteur le plus souvent cité comme explication à la violence agie. Ce motif est souvent associé à la difficulté de régulation des émotions et il est exacerbé par le manque d’habiletés de communication. Le deuxième motif le plus fréquemment mentionné est la riposte à une perception d’agression, physique ou psychologique, du ou de la partenaire. Comme dans le cas de la colère, ce motif est associé à la difficulté d’autorégulation des émotions et au manque d’habileté de communication. La recherche de pouvoir est apparue comme le troisième motif le plus fréquent. Elle se manifestait sous différents angles : la volonté de gagner contre l’autre; de forcer l’autre partenaire à agir tel qu’exigé ou encore, de l’obliger à reconnaître les torts attribués. Les auteurs citaient également la jalousie, la volonté d’obtenir l’attention et l’auto-défense.

Elmquist et al. (2014) recommandaient que les programmes d’aide portent une grande attention aux habiletés de régulation émotionnelle, de gestion de l’impulsivité et à la capacité d’expression de soi. Ces habiletés permettent d’agir sur plusieurs problématiques associées, notamment les troubles de la personnalité, lesquels sont particulièrement liés aux cas d’usage de violence physique répétée et de contrôle élevé, que ce soit de manière unidirectionnelle (dynamique dite de terrorisme intime ou de contrôle coercitif) ou mutuelle (dynamique dite de contrôle mutuel violent) (Deslauriers et Cusson, 2014).

Enjeu 6 Viser la responsabilisation et l’arrêt de la violence

Comme dans bon nombre de cas, les personnes sont expressément référées par des tiers (tribunaux, professionnel.les, proches, etc.), leur motivation initiale à consulter est souvent extrinsèque. Afin d’entreprendre un suivi, il est nécessaire 1. Que la personne reconnaisse avoir des comportements violents; 2. Qu’elle reconnaisse sa responsabilité; 3. Qu’elle reconnaisse comme problématique son usage de violence et 4. Qu’elle démontre une motivation à modifier ses comportements violents.

Le processus d’accueil et d’analyse doit permettre d’estimer la motivation au changement. Il doit aussi favoriser la réappropriation de la demande d’aide. Pour ce faire, on discutera notamment des impacts négatifs de la violence, tout en suscitant l’espoir et en offrant un accompagnement bienveillant dans le changement.

On constate que les personnes usant de violence n’ont pas un idéal relationnel très différent de celui qu’on rencontre chez tous les couples : elles recherchent l’affection et le support mutuel. La violence représente à la fois un facteur d’éloignement de cet idéal et une aggravation des difficultés permettant de l’atteindre. Derrick et al. (2014) ont d’ailleurs observé des effets négatifs significatifs chez les partenaires usant de violence suite aux événements d’agression. Ces effets portaient notamment sur l’humeur et la satisfaction conjugale.

Il est aussi connu que plusieurs personnes reconnaissent mal l’impact de leur violence à moyen et à long terme, de même que les impacts réels chez les victimes et les proches. Les entrevues d’accueil doivent permettre l’exploration de ces enjeux afin de favoriser la reconnaissance du problème.

Enfin, un grand nombre de personnes sont dans le déni ou la minimisation de la violence, entre autres parce qu’elles ne considèrent pas leurs comportements comme étant abusifs (« ce n’est pas de la violence, j’ai juste crié! ») et qu’elles craignent d’apparaître comme de mauvaises personnes. On observe que le dévoilement des actes et des formes de violence est souvent progressif.

Dans la mesure où le processus d’accueil permet minimalement d’observer une reconnaissance du problème et une volonté de changement, les plans d’intervention doivent s’appuyer sur la zone commune négociée entre les objectifs de la personne et ceux inhérents à la mission des organismes (accompagnement dans l’abandon de l’usage de violence).

Durant le suivi, les intervenant.es exploreront les perceptions, les cognitions, les intentions, les représentations, les conséquences, et accompagneront la personne dans l’exploration des enjeux présents (individuels, relationnels ou sociétaux/culturels; qu’ils soient circonstanciels ou récurrents). Elles-ils favoriseront aussi la libération des affects ou, au besoin, aideront plutôt à les contenir.

Les intervenant.es doivent repérer les distorsions cognitives, les attentes irréalistes, les injonctions, les assomptions négatives et les attributions d’intention. Elles-ils doivent aussi reconnaître les croyances extrêmes, rigides, globales et négatives, notamment celles issues du sexisme. On identifiera aussi les affects manquants (réprimés) ou envahissants, l’alexithymie, de même que les stratégies d’acharnement et de déresponsabilisation et, de façon générale, les moyens d’action inappropriées (en fonction des lois, des droits, des valeurs de la personne et des impacts) et les défenses.

Lors de toute forme de justification de l’usage de violence rencontrée, les techniques dites de confrontation empathique sont employées. Ces techniques sont au coeur des interventions menées dans les programmes destinées aux personnes ayant des comportements violents. Elles visent à susciter la remise en question et l’engagement au changement.

Enjeu 7 Soutenir le développement de nouvelles habitudes

Durée et fréquence

Il n’y a pas de consensus dans la littérature concernant la durée des programmes et la fréquence des rencontres. Une durée variable en fonction du stade de changement propre à chaque personne au moment de l’accueil apparaît néanmoins souhaitable. Elle devrait aussi être appariée aux objectifs et au poids des facteurs de risque présents. Les apprentissages nécessitent du temps et des expérimentations. Les rencontres devraient donc s’espacer dans le temps et permettre non seulement l’acquisition d’habiletés nouvelles mais aussi leur maintien. Comme l’ont observé récemment Léveillée et al. (2021), certaines caractéristiques, telles que l’impulsivité, s’avèrent particulièrement difficiles à changer pour certaines personnes, nécessitant un suivi à plus long terme. Ce constat suggère l’accès à des programmes de suivi pour les personnes qui ont complété une démarche initiale.

Turcotte (2012) a observé que la capacité à se responsabiliser était un processus graduel et qu’elle s’appuyait sur l’observation de soi et des autres (en groupe). Les observations faites par les participants leur permettent de prendre conscience du problème et d’observer les avantages associés à l’adoption de nouvelles attitudes et de nouveaux comportements.

Adaptation des interventions

Selon le degré d’urgence et la dangerosité, il est parfois nécessaire d’offrir des accompagnements dits de crise ou de suivi étroit. On accompagne la personne dans la mise en œuvre de scénarios de protection de manière à assurer la sécurité de toutes les personnes concernées. Cette démarche comporte généralement des suivis impliquant d’autres partenaires, notamment les centre de crise et de prévention du suicide.

Le déroulement de la démarche dite régulière se fait aussi en respectant certaines étapes. Certains objectifs sont à prioriser, par exemple, la nécessité de contrôler les défenses (ou passages à l’acte) et les arrêts d’agir avant, par exemple, le développement des habiletés de communication.

Cela dit, des techniques d’intervention très variées peuvent être utilisées : écoute active, reflet des schémas, confrontation des défenses clivées, interprétation empathique des vulnérabilités, exploration des conséquences, expression des affects, identification des émotions primaires, renforcement de la capacité de confiance, enseignement de techniques, suggestion d’exercices, de lectures, accompagnement dans la connaissance de soi, dans le lâcher prise, dans le développement des habiletés d’autorégulation des émotions et des habiletés de communication, jeux de rôle, information sur les ressources et les lois, accompagnement dans les deuils, encouragement des comportements visant la réparation, etc.

Modalités

L’intervention en groupe offre plusieurs avantages. Tout d’abord, il semble moins risqué d’évoquer le problème de violence avec des personnes partageant la même problématique. La personne ne se sent plus seule avec le problème (Silvergleid et Mankowski, 2006). Les dévoilements des uns confrontent les autres aux risques de récidive et favorisent les stratégies de résolution de problème. Le groupe devient un espace de solidarité qui rompt l’isolement et où il est possible de se centrer sur la co-construction d’alternatives à la violence. Enfin, l’écoute mutuelle amène à se décentrer (Coutanceau, 2006).

L’intervention de groupe serait cependant moins appropriée pour les participants les moins motivés (manque de sentiment d’appartenance) (Murphy et Meis, 2008). Les personnes présentant certaines problématiques associées, notamment des traits de personnalité narcissiques ou limites, s’intègreraient quant à elles moins bien dans les groupes non spécifiques.

La création de groupes spécifiques, par exemple, un groupe pour les pères, un groupe pour les victimes ou un groupe pour les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité limite, peut s’avérer judicieuse lorsqu’il est possible d’obtenir une masse critique de personnes répondant aux critères.

Les suivis individuels seraient associés à des taux moins élevés d’abandon et permettraient davantage d’aborder certaines problématiques concomitantes (problème de santé mentale, de consommation abusive, par exemple) (Murphy et Meis, 2008). Dans certains cas, des rencontres de suivis individuels peuvent précéder ou faire suite aux rencontres de groupe, selon les besoins.

Diverses autres modalités, souvent fort prometteuses, ont été expérimentées, au Québec ou ailleurs : programmes de sensibilisation pré-démarche, rencontres familiales, rencontres de couple, etc.  Il est, à cet égard, utile de rappeler que l’expérimentation et le développement des connaissances doivent se poursuivre, de manière à optimiser l’utilisation des ressources et à faciliter l’atteinte des objectifs.

Compte tenu de la problématique et de ses enjeux, le problème du désistement constitue une préoccupation importante pour les milieux d’intervention. Bien qu’on observe dans les organismes intervenant auprès des personnes ayant des comportements violents des taux d’abandon similaires à ceux observés dans les autres services sociaux, cet aspect de la pratique demeure, compte tenu des enjeux, une préoccupation importante nécessitant un approfondissement des connaissances.